LA VIE PRIVE D'HOUPHOUET
Félix Houphouët-Boigny descend de chefs animistes akouè par sa mère, Kimou N’Dri (dite N’Dri Kan)[126], décédée en 1936[5]. En revanche, en ce qui concerne les origines de son père, des doutes subsistent. En effet, officiellement originaire de la tribu N’Zipri de Didiévi[126], N’Doli Houphouët serait décédé peu de temps après la naissance de Augustin[5], bien qu’aucune information fiable n’ait jamais été donnée à son sujet ; Félix Houphouët-Boigny interrogé, rétorque d’ailleurs : « Que voulez-vous donc savoir de l’étranger ? »[127]. Ce manque de clarté donne lieu à toute sorte de rumeurs dont une, particulièrement répandue, veut que son père soit un musulman originaire du Soudan, prénommé Cissé[127]. En tout cas, de cette union, Félix Houphouët-Boigny eut deux sœurs aînées, Faitai décédée en 1998[128] et Adjoua décédée en 1987[129] ainsi qu’un frère cadet, Augustin décédé en 1939[126].
Bien que catholique pratiquant, il épouse en 1930 à Abengourou[130], une magnifique métisse ivoiro-sénégalaise Kady de son vrai nom Khadija Racine Sow (1913-2006)[131], fille d’un riche commerçant sénégalais Ali Racine Sow de confession musulmane[130] et d'une mère Baoulé d'origine princière. Les deux familles respectives opposées à cette union(il se dit d'ailleurs que le père de Khadija aurait tenté d'attenter à la vie de son futur beau-fils pour l'empecher d'épouser sa fille),finissent toutefois par accepter ce mariage mixte qui est, dit-on, le premier jamais célébré en Côte-d’Ivoire[130]. De cette alliance naît cinq enfants : Félix (décédé en bas âge), Augustin, François, Guillaume et Marie[126], tous élevés dans la foi catholique[130].
Finalement, Houphouët divorce et se remarie en 1952 à la jeune catholique baoulé Marie-Thérèse Brou avec qui il n’a eu aucun enfant[130] mais avec laquelle il en adopte deux :
- Hélène en 1960[132], née en 1955[132] et petite-fille du roi des Baoulé Anoungbré[126]
- Olivier Antoine en 1981[132].
Le mariage connaît des scandales : en 1958, son épouse commet une escapade en Italie[130] tandis que lui, collectionne les maîtresses et a en 1961 un enfant hors-mariage avec Henriette Duvignac qu’il reconnaît : Florence (décédée en 2007)[133].
A sa mort en 1993, Félix Houphouët-Boigny ne laisse aucun testament écrit sinon un legs verbal en faveur de l’Etat ivoirien[73]. Ses héritiers reconnus, et tout particulièrement Hélène, mènent depuis, un combat contre l’Etat ivoirien afin de récupérer une partie de l’immense fortune d’Houphouët qu’elle affirme être une succession « privée » devenue « d’Etat »[132].
Parmi ses amis et artisans de la décolonisation on compte Auguste Denise, Ernest Boka, Modibo Keïta, le Général De Gaulle, Mathieu Ekra, Germain Coffi Gadeau, Philippe Yacé, Arsène Usher Assouan, ... Son amitié avec Victor Capri Djédjé, se détériore lors de l'inauguration du Port autonome d'Abidjan en 1951. Vers 1970, arrivent sur la scène politique ivoirienne et internationale ses jeunes protégés dont il a financé pour certains l'instruction : Denis Bra Kanon, Gustave Kouassi Ouffoué, Alphonse Djédjé Mady, Henri Konan Bédié, Auguste Debray, Djéni Kobina... Sur le plan international, il est en contact privilégié avec de nombreux hommes politiques français parmi lesquels Jacques Chirac qu’il compte parmi ses jeunes protégés. Au Gabon Omar Bongo est également son jeune protégé.
Dans le contexte de la Guerre froide, Houphouët-Boigny établit entre 1967 et 1969, d’éphémères relations diplomatiques avec l’URSS[134]. Ces relations ne sont rétablies qu'en février 1986[134]. Quant à la Chine, ce n’est que le 3 mars 1983, qu’il établit des rapports diplomatiques avec la République populaire de Chine et qu'il la reconnaît être l’unique gouvernement légal représentant le peuple chinois tout entier ; il cesse alors ses relations avec Taïwan[135],[136]
Afin de laisser à la postérité l’image d’un homme de paix [137], il crée en 1989 un prix pour la recherche de la paix parrainé par l’Unesco[138], entièrement subventionné par des fonds extrabudgétaires apportés par la Fondation Félix-Houphouët-Boigny[139]. Ce prix qui porte « le nom du Président Félix Houphouët-Boigny, doyen des chefs d’État africains, apôtre infatigable de la paix, de la concorde, de la fraternité et du dialogue pour résoudre tout conflit à l’intérieur comme à l’extérieur des États »[139], est attribué chaque année par un Jury international, composé de onze personnalités originaires des cinq continents, qui décerne un chèque de 122 000 euros[140].
Le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix a été accordé respectivement à Nelson Mandela, président du Congrès national africain (ANC) de l’ Afrique du Sud et Frederik Willem De Klerk, président de la République sud-africaine en 1991, à l’Académie de droit international de La Haye au Pays-Bas en 1992, à Yitzhak Rabin Premier ministre de l’État d’Israël, Shimon Peres, Ministre des affaires étrangères de l’État d’Israël et Yasser Arafat, Président de l’Autorité nationale palestinienne en 1993, à S. M. Juan Carlos I, Roi d’Espagne et Jimmy Carter, ancien président des États-Unis d’Amérique en 1994, au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et à Mme Sadako Ogata, Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés en 1995, à Alvaro Enrique Arzú Irigoyen, président de la République du Guatemala et au Commandant Rolando Morán, représentant de l’Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG) en 1996 , à Fidel Valdez Ramos , président de la République des Philippines et Nur Misuari, président du Front de libération nationale moro (MNLF) des Philippines en 1997, à Sheikh Hasina Wajed, Premier ministre de la République populaire du Bangladesh et George J. Mitchell, Sénateur américain, ancien conseiller spécial du président des États-Unis d’Amérique pour les affaires irlandaises en 1998, à la Communauté de Sant'Egidio d’Italie en 1999, à Mme Mary Robinson, Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme en 2000, à Kay Rala Xanana Gusmão, président de la République démocratique du Timor-Oriental en 2002, au Cardinal Roger Etchegaray, président émérite du Conseil pontifical Justice et Paix et Dr Mustafa Cerić, Grand mufti de Bosnie en 2003 et à Maître Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal en 2005. Le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix n’a pas été attribué en 2001 et 2004[141].
Fonctions gouvernementales
- Député à l'Assemblée nationale française
- Ministre délégué à la présidence du Conseil du gouvernement Guy Mollet (du 1er février 1956 au 13 juin 1957)
- Ministre d'État du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (du 13 juin au 6 novembre 1957)
- Ministre de la Santé publique et de la Population du gouvernement Félix Gaillard (du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958)
- Ministre d'État du gouvernement Pierre Pflimlin (du 14 au 17 mai 1958)
- Ministre d'État du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959)
- Ministre d’État du gouvernement Michel Debré (du 8 janvier au 20 mai 1959)
- Ministre conseiller du gouvernement Michel Debré (du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961)
- Il fut aux côtés de De Gaulle et de Michel Debré lors de la signature de la constitution de 1958.
- Président de l'Assemblée nationale (24 mars 1953 au 30 novembre 1959)
- Maire d'Abidjan (de 1956-1960)
- Premier ministre (du 1er mai 1959 au 3 novembre 1960)
- Ministre de l'Intérieur (du 8 septembre 1959 au 3 janvier 1961)
- Président de la République, Ministre des Affaires Etrangères (du 3 janvier 1961 au 10 septembre 1963)
- Président de la République, Ministre de la Défense, Ministre de l'Intérieur, Ministre de l'Agriculture (du 10 septembre 1963 au 21 janvier 1966)
- Président de la République, Ministre de l'Economie et des Finances, Ministre de la Défense, Ministre de l'Agriculture (du 21 janvier 1966 au 23 septembre 1968)
- Président de la République, (du 23 septembre 1968 au 5 janvier 1970)
- Président de la République, (du 5 janvier 1970 au 8 juin 1971)
- Président de la République, Ministre de l'Education nationale (du 8 juin 1971 au 1er décembre 1971)
- Président de la République (dans les différents autres gouvernements du 1er décembre 1971 au 7 décembre 1993)
Ouvrage
- Mes premiers combats, Numéro 1, 1994 (ISBN 978-2863916131)
Annexes
- Patrick Grainville, Le Tyran éternel, Éditions du Seuil, 1998 (ISBN 2020372266).
- Paul-Henri Siriex, Houphouët-Boigny, l'Homme de la paix, Nouvelles éditions africaines (Nea), 1975.
- Paul-Henri Siriex, Houphouët-Boigny ou la sagesse africaine, Nea, 1986 (ISBN 2091681601).
- Pascal Koffi Teya, Côte d'Ivoire, le roi est nu, éditions L'Harmattan 2004 (ISBN 2858025045).
- Robert Lopez, Au temps banni d’Houphouet-Boigny, Éditions L'Harmattan, 2006 (ISBN 2296018041).
- Fondation Félix Houphouet-Boigny, Il était une Fois Félix Houphouet Boigny.
- Samba Diarra[142], Les Faux Complots d'Houphouët-Boigny, éditions Karthala 1997 (ISBN 2865377318)
- Jacques Baulin, La Succession d'Houphouët-Boigny, Karthala, (ISBN 2845860919). Texte partiellement en ligne [1]
- Amadou Koné, Houphouët-Boigny et la crise ivoirienne, éditions Karthala 2003 (ISBN 2845863683). Texte partiellement en ligne [2]
- Nanet Bernard, Félix Houphouët-Boigny, In Encyclopédie Universalis édition 1999.
- Jacques Baulin, La Politique intérieure d'Houphouet-Boigny, éditions Eurafor 1982.
- Le Toubabou, Le Millefeuille ivoirien, un héritage de contraintes, Éditions L'Harmattan 2006 (ISBN 2747593576).
- Laurent Gbagbo, Côte-d'Ivoire, pour une alternative démocratique, éditions L'Harmattan 1983 reédité 2004 (ISBN 2858023034). Texte partiellement en ligne [3]
- Marcel Amondji, Côte-d'Ivoire. Le P.D.C.I. et la vie politique de 1945 à 1985, éditions L'Harmattan 1986 (ISBN 2858026319).
- Arsène Ouegui Goba, Côte-d'Ivoire, quelle issue pour la transition ? , éditions L'Harmattan 2000 (ISBN 2738494838).
- Marcel Amondji, Félix Houphouët et la Côte-d'Ivoire l'envers d'une légende, éditions Karthala 1984 (ISBN 2865371042). Texte partiellement en ligne [4]
- Pierre Nandjui, Houphouët-Boigny, L'homme de la France en Afrique, éditions L'Harmattan 1995 (ISBN 2738430902).
- Frédéric Grah Mel, Félix Houphouët-Boigny. Biographie, édition Maisonneuve & Larose (ISBN 2706817445). Texte partiellement en ligne [5]
- Ellenbogen Alice, La Succession d'Houphouët-Boigny entre tribalisme et démocratie, éditions L'Harmattan 2003 (ISBN 2747529509).
- Bailly Diégou, La Réinstauration du multipartisme en Côte d’Ivoire, ou la double mort d’Houphouet-Boigny, éditions L'Harmattan 2000 (ISBN 2738423493).